Union pour la Méditérrannée : on lui a sauvé son show

, par Valéry-Xavier Lentz

En dépit de la crédulité de nos médias nationaux dont les titres reflètent le peu d’esprit critique, le lancement à Paris de la soi-disante « Union » n’est que le camouflage de l’échec bienvenue d’une mauvaise idée.
L’Europe continuant hélas à être régie en grande partie selon des règles héritées de la diplomatie intergouvernementale, la politesse tendant vers l’hypocrisie qui y prévaut s’imposait lorsque Nicolas Sarkozy, conseillé par le nationaliste Henri Guaino, a lancé l’idée d’« Union méditérannéenne ». Telle qu’elle était formulée cette initiative apparaissait comme dangereuse — en ce qu’elle envisageait de dissocier le destind e la France de celui de l’Union européenne — en développant une diplomatie parallèle ne prenant pas en compte notre appartenace communautaire et nos partenaires. Elle était aussi disproportionnée en ce que en dépit du discours qui était tenu, personne, à commencer par son promoteur, n’envisageait sérieusement de construire entre les deux rives de la Méditérrannée un projet du même ordre que celui de construction européenne, libre-circulation des personnes comprise par exemple.

Sylvie Goulard dans « Il faut cultiver notre jardin européen »(Seuil) se livre à une étude post-mortem de cette idée dont elle analyse les limites et dépeint les efforts qui ont été réalisés, en particulier par Angela Merkel, pour ramener les choses à un cadre plus stable et à des objectifs plus raisonnables.

C’est donc un processus de Barcelone renouvellé qui a été mis en place hier à Paris. Beaucoup de bruit pour rien donc.

Le côté positif des choses est que la stabilité de l’Union européenne a été illustrée à cet occasion : un dialogue avec nos partenaires a permis de recadrer correctement le projet. Espérons que ce type de faute lourde ne se reproduira plus au cours du mandat de Sarkozy.

Le plus regrettable dans cette affaire est que le président de la République se soit cru autorisé à inviter une série de dictateurs à la Tribune du 14 juillet. S’il est évident — et la construction européenne le démontre — que l’on ne peut faire la paix qu’avec son ennemi, encore faut-il que le dialogue ait un peu avancé. On ne doit pas non plus confondre ce dialogue, nécessaire, et le geste symbolique consistant à associer un chef d’État étranger à une journée où notre pays est censé célébrer la liberté. Comme le disait Daniel Cohn-Bendit sur un sujet similaire, c’est minable.

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