Quelques mots rapides sur ce débat consternant sur lequel il y a beaucoup à dire. Je n’ai pas pris le temps d’écrire un article pour le Taurillon ou Fédéchoses. Je suis surpris que personne d’autre ne l’ait fait jusqu’ici. Le thème est pourtant l’un de ceux sur lesquels les fédéralistes ont un discours particulier à tenir, notamment en prenant en compte la vision de l’État national de Mario Albertini et notre propre engagement en faveur d’une Europe unie.
Voici simplement quelques idées en vrac à creuser en vue de la très hypothétique rédaction d’une note plus construite :
- l’instrumentalisation de cette thématique par le gouvernement démontre bien que la Nation est une construction issue de l’État et non pas un état de fait naturel qui serait découvert puis "s’incarnerait" dans l’État.
- l’identité : lien avec l’individu, les identités multiples,la multi-appartenance de chacun à plusieurs niveaux d’identité (social, culturel, régional, religieux, politique...). Tentative de vouloir faire primer la dimension "nationale" de l’identité sur les autres composantes.
- l’identité "nationale" en tant que sentiment d’appartenance à une collectivité : une expérience partagée, des références communes issues de l’éducation, des lois, de la langue, des médias. Accumulation d’anecdotes, de connaissances plus ou moins importantes, de choses vues et entendues, d’expériences partagées : mais pas lié à la nationalité, lié à la résidence et à la langue.
- identité européenne : tentation de vouloir la définir à tout prix => vision de droite de la construction européenne ? transposition d’une vision "nationaliste" (cf. ce groupe facebook sur la création d’une nationalité européenne, celui sur le vive l’Europe"...) plus que fédéraliste ? Incapacité de penser l’Europe sans y transposer les catégories mentales liées à l’association du pouvoir politique exercé par les Etats existant à l’idée de Nation. Ou simple prétexte pour refuser l’entrée de la Turquie ?
- Une identité commune est-elle une condition pour la vie démocratique ? Sans doute au sens d’une expérience partagée (l’espace public), sans doute pas au sens auquel les nationalistes entendent cette identité.
- Redéfinir le nationalisme ou plus précisément donner notre propre définition, naturellement plus large que dans les usages habituels. Le nationalisme n’est pas nécessairement un extrêmisme, est autre chose qu’un patriotisme dévoyé, c’est simplement l’adhésion à l’idée que la Nation est est une réalité "naturelle", qu’elle entraine la création nécessaire d’un Etat pour que ceux qui en font partie soient véritablement libre, qu’elle est le fondement nécessaire et indépassable de la vie politique ou démocratique. Dire qu’un Philippe Séguin, un Charles de Gaulle, un Hubert Védrine sont des nationalistes ne relève pas de l’insulte mais simplement de la constatation que tel est leur discours politique.
- Enfin et surtout souligner, ce qui constitue le coeur du débat autours du "débat" (le métadébat) comporte comme dérives suspectes et peu sympathique : le repli identitaire que constitue la polarisation du débat autour de la question de l’immigration et de l’Islam. Dans e telles conditions, l’extrême droite se trouve à la fois légitimée (en voyant son discours repris dans le cadre de débats organisés par des préfectures) et phagocytée, c’est à dire réintégrée à la droite de gouvernement. Comme le dit un bon mot, le débat nous en dit peu sur l’identité nationale, il en dit beaucoup sur l’identité de l’UMP : une droite conservatrice qui assume complètement sa composante nationaliste tout en espérant en bon parti attrape-tout continuer à garder une crédibilité pro-européenne en se payant d’actes symboliques mais sans mener une politique innovante en matière de construction européenne.
- Enfin et surtout il faut dire toute l’antipathie qu’inspire un Éric Besson.
Mise à jour : lire l’article de David Soldini : Identité nationale, politique et démocratie sur Le Taurillon