Il a joué un grand coup en replaçant le débat au PS sur les idées et en s’affirmant comme un moderniste alors qu’il avait l’image jusqu’ici d’un simple gardien du temple jospiniste, du conservateur qui s’offusque que l’on soit tenté de dialoguer avec le Modem et qui privilégie ses alliés communistes aux dépens de ses alliés Verts.
En réaffirmant que la liberté est une valeur de gauche, il bouscule les archaïques et pousse Royal à la faute en l’obligeant à se ranger du côté de ses derniers alors qu’elle avait jusqu’ici plutôt cherché à entretenir une image de rénovatrice.
Je n’ai pas encore lu le livre de Bertrand Delanoë, j’imagine que je le trouverai au Monoprix lors de la pause déjeuner. Je ne peux donc me prononcer pour le fond. Les extraits parus ne me semblent justifier ni les excès d’indignation ni les excès d’enthousiasme lus sur le sujet.
Ne pas se tromper d’élection
Ce nouvel épisode de la guerre des chefs qui se profile au PS confirme l’inquiétude exprimée par Pierre Moscovici et Arnaud Montebourg.
Ces derniers mettent en garde contre une présidentialisation du PS. Je partage leur analyse et leur inquiétude.
Des présidentiables, ou se croyant comme tel, pressés, s’efforcent de transformer le prochain Congrès du PS en désignation anticipée du candidat de la gauche aux élections présidentielles de 2012 — dans quatre ans ! Ils tentente de se fait d’écarter l’enjeu réel qui est la désignation d’un premier secrétaire pour animer le parti et la rénovation du corpus doctrinal de ce dernier.
Ne doutons pas un instant que si un premier secrétaire ayant un tel profil était élu, il s’efforcerait de vérouiller toute voie dissidente en verrouillant l’appareil et de transformer le PS en fan club dotn la seule vocation serait de lui servir de machine électorale. Ce sort peu enviable qu’a connu l’UMP sous le joug de Sarkozy est-il celui que les militants du PS souhaitent pour leur parti ?
Si le présidentialisme du régime de la Ve République — que le PS souhaite pourtant changer pour le démocratiser — ne doit pas déteindre sur les partis politiques sous peine de vider ces derniers de leur substance. Un parti assiste en effet un candidat issu de ses rangs dans l’élection présidentielle, mais il participe aussi à la sélection des candidats pour l’élection législative. Ceux qui souhaitent que le Parlement et la présidence soient deux acteurs séparés dans nos institutions et non pas que le premier soit aux ordres du second ne peuvent donc pas souhaiter un parti transformé en club de supporters d’un candidat à la présidentiel. Qu’un premier secrétaire puisse acquérir la stature d’un présidentiable du fait de ses qualités, pourquoi pas, transformer la désignation du premier secrétaire en des vrai-fausses primaires — ridicules à de nombreuses années de l’échéance — certainement pas.
Lire à ce sujet :
- Delanoë, un libéral ? chez Diego Melchior
- Parti socialiste : celle qui voulait être chef, celui qui se disait libéral chez Diner’s room
- Delanoé libéral : ça change quoi ? sur Crise dans les médias
- Delanoë annonce (enfin) sa couleur... sur le blog de Julien Toledano.
Et bien sur la réaction de Pierre Moscovici qui n’est pas dupe : « En vérité, la ficelle est grosse, d’un côté on récupère la modernité à peu de frais — à dire vrai j’insisterais plus pour ma part, beaucoup plus, sur l’égalité réelle, sur la justice sociale- de l’autre on s’achète de façon tout aussi peu coûteuse un brevet de gauche. »