Les langues régionales reconnues par la Constitution

, par Valéry-Xavier Lentz

 Art. 75-1. Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France.
Les parlementaires ont votés cet après-midi, à une voix près, le projet de réforme constitutionnel voulu par le président de la République.

Il est toujours délicat de se prononcer sur un « paquet » de réformes tel que celui-ci dans sa globalité. On peut en effet y trouver des mesures intéressantes voire quelques avancées. Toutefois l’équilibre global de la réforme, accentuant le présidentialisme des institutions, et ses manques en font avant tout une occasion ratée. Il faudra attendre l’alternance, au mieux en 2012, pour faire adopter enfin la 6e République dont notre pays a besoin.

Nous pouvons toutefois nous réjouir de la timide entrée des langues régionales dans la Constitutions française.

Cette avancée issue du débat parlementaire doit tout aux députés et très peu aux sénateurs qui avaient à la quasi-unanimité rejetés cet amendement, démontrant une nouvel fois l’archaïsme de leur institution [1]. Le nationalisme jacobin y est bien ancré à commencer par le très antipathique M. Mélenchon qui s’est à nouveau distingué par un discours réactionnaire sur ce thème.

On regrettera toutefois que la mention des langues régionales ait été reléguée de l’article 2 (celui où est mentionné la langue française depuis 1992, suite aux exigences d’élus nationalistes), à l’article 75, et que les conséquences de cette mention ne soient pas explicitées.

Il n’est pas certain en effet que l’entrée des langues régionales dans le texte constitutionnel, sous cette forme, puisse permettre la mise en oeuvre de politiques publiques visant au respect de ceux qui parmi nos concitoyens pratiquent ces langues, ni à la ratification des Conventions européennes et internationales en la matière.

Comme souvent, cela vaut mieux que rien et l’on se prend à espérer qu’un gouvernement progressiste puisse un jour tirer de cet amendement inespéré des initiatives ambitieuses.