Les événements dans le Caucase étaient tragiques et préoccupants. Ils deviennent aujourd’hui plus graves encore car le gouvernement russe a franchit le Rubicon en décidant unilatéralement la reconnaissance des territoires sécessionnistes de Géorgie.
Les circonstances de la crise sont peu claires. La Russie ayant en effet réussi à faire passer dans les médias et l’opinion l’idée d’une "agression" de l’armée géorgienne. Outre le fait que le gouvernement géorgien prétend avoir surtout répondu à des provocations et à des mouvements de troupes ennemis, rien ne justifie au final d’empêcher l’armée géorgienne de se déplacer sur son propre territoire. De plus, non content de repousser les troupes géorgiennes, le gouvernement russe a envahi une partie du territoire du pays qu’il n’a toujours pas complètement évacué aujourd’hui.
En réalité, comme le soulignent désormais les gouvernements des pays démocratiques, on se retrouve pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale devant une tentative de modifier par la force les frontières internationales en Europe avec le risque de voir un nettoyage ethnique se déployer pour justifier a postériori l’opération, au nom de la mythologie dangereuse de l’État nation.
Face à la résurgence de la menace russe, le débat en France semble se résumer à critiquer le style et la personnalité de Bernard-Henri Lévy, l’un des rares à avoir cherché à alerter l’opinion sur la gravité de la situation.
Dans ce contexte, que faire ? À défaut de vouloir "mourir pour Tbilissi",
il est essentiel que dès à présent les gouvernements démocratiques et
au premier chef les Européens, fassent connaitre sans la moindre
ambigüité leur opposition à ’aventurisme russe et déploient une partie
de l’arsenal de sanctions disponibles dans le cadre diplomatique.
Ainsi, s’il était déjà très surprenant que la Russie soit tolérée au
sein du Conseil de l’Europe, son statut auprès de cette organisation
devrait dès à présent lui être retiré. Enfin, l’Europe peut aussi
accentuer son aide à la Géorgie et à l’Ukraine, autre victime potentielle des manoeuvres du binôme au pouvoir à Moscou.
Face la menace résurgente de l’impérialiste russe, il faut aussi faire plusieurs constats.
Le premier est que seuls des régimes démocratiques garantissent que les États se comportent sur la scène internationale de manière pacifique. Les démocraties ne se font pas la guerre. Un régime autoritaire comme celui de la Russie est potentiellement dangereux pour ses voisins et pour la communauté internationale. Il faut s’en souvenir à chaque fois que l’on décide d’honorer des tyrans comme Nicolas Sarkozy l’a fait le 14 juillet dernier ou en se rendant à l’inauguration des jeux olympiques.
Le second est que la solidarité entre les démocraties et particulièrement la relation euroatlantique demeure aujourd’hui essentielle. L’antiaméricanisme pavlovien qu’une partie de la classe politique française a su imposer et exploiter dans notre culture nationale rend cette évidence difficile à percevoir en France. L’une des (très) rares qualités du chef de l’État actuel est de ne pas céder à cette démagogie là.
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