Un petit groupe Facebook et un blog à moitié terminé et voici que la campagne "Tout sauf Barroso" rencontre déjà des échos chez les principaux observateurs de la vie politique européenne.
Ainsi, le quotidien anglophone European Voice, spécialisé dans les affaires communautaires, le blog Coulisses de Bruxelles de Jean Quatremer ou encore Nosemonkey ont cités la campagne.
Après quelques jours d’existence, le groupe Facebook Tout sauf Barroso comple déjà plus de 500 membres.
Pourquoi tant d’écho ? Peut-être parce que nous sommes les premiers sur la Toile à dire tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas.
Rejoignez la lutte ! et parlez de la campagne autour de vous en diffusant l’adrese du site, en rejoignant le groupe Facebook ou en y invitant tous vos amis, en questionnant vos élus ! Le pire serait qu’il n’y ait pas de débat et que cette élection européenne soit une nouvelle occasion perdue.
Mise à jour : je reprend ci-dessous un commentaire que j’ai posté ce soir sur le blog Coulisses de Bruxelles à propos de cette campagne.
Naturellement, le "Tout sauf Barroso", implique surtout l’espoir de voir quelqu’un de plus compétent pour la fonction être désigné.
La démarche de ce site est avant tout de jouer le rôle de sonnette d’alarme contre le fait accompli que voudraient imposer les chefs de gouvernement européen en reconduisant, sans débat et sans prise en compte des résultats des élections européennes, le médiocre sortant.
Les reproches que ceux qui ambitionnent plus pour l’Europe que ce que nous propose la candidat sortant sont nombreux et ont souvent été soulignés sur ce blog.
La Commission européenne est supposée être maitre d’oeuvre de la construction européenne et à ce titre être force de propositions en faveur des citoyens européens.
Au lieu de celà, M. Barroso s’est comporté en serviteur zélé du Conseil européen.
En 2005, de nombreux projets de lois européennes ont été retirés par M. Barroso. Plusieurs d’entre eux étaient pourtant particulièrement intéressants, par exemple le projet de statut d’association européenne.
Ce choix a été fait sans impliquer nos élus au Parlement européen, à la fois en raison d’une idéologie libérale anti-règlementation et pour tenter d’appaiser certains eurosceptiques, naturellement sans succès.
M. Barroso a souvent tenu des propos semblant impliquer que l’Union n’a pas besoin d’une réforme institutionnelle et qu’elle ni d’une Constitution. Ce manque d’engagement en faveur de la réforme de la manière dont l’Europe est aujourd’hui gouvernée (mal) est consternant.
Il n’a même pas daigné participer au débat référendaire en France en 2005 là où l’éclairage de l’un des premiers intéressés eut été utile.
Son absence du débat public sur l’avenir de l’Europe renforce l’image d’une Union européenne bureaucratique alors que la Commission est pourtant avant tout un organe politique. M. Barroso est une sorte de président fantôme ; que l’on entend pas et que l’on ne voit pas lorsque les citoyens ont besoin de débattre de l’Union européenne.
Il faut se souvenir que M. Barroso a été nommé en tant que plus petit dénominateur commun en raison de l’opposition des gouvernements eurosceptiques à de meilleurs candidats. L’Union européenne doit-elle conserver un président médiocre pour cinq ans de plus simplement parce que nos chefs de gouvernements ne veulent pas consacrer un weekend à se mettre d’accord sur le nom d’un successeur, encore moins si nos élus au Parlement européen prétendent avoir leur mot à dire ?
On se souviendra aussi du fameux sommet des Açores, ou encore de la lenteur avec lequel M. Barroso a agit pour retirer la candidature scandaleuse de Rocco Buttiglione comme commissaire européen en dépit de l’opposition de très nombreux eurodéputés au choix de ce personnage.
Dans l’ensemble, M. Barroso a été un très mauvais président de la Commission européenne. Un ministre des affaires étrangères d’Allemagne l’a même jugé "incompétent". Il a affaibli cette institution clé à travers son attitude servile envers le Conseil. L’Europe a besoin aujourd’hui de leadership et de vision.
Enfin et surtout il est extrêmement inapproprié de prétendre avoir fait le choix d’un président de la Commission européenne six mois avant que le moindre bulletin de vote n’ait été déposé dans les urnes par les citoyens de l’Union.
L’Establishment européiste, comme trop souvent, ouvre grand la porte aux partis nationalistes en faisant d’eux la principale force d’opposition au niveau du débat public européen. Au mieux, c’est vers l’abstention massive que l’on pousse l’électorat de gauche. Si certains avaient une volonté délibérée de saboter l’élection européenne, le
moment du choix démocratique sur les orientations de l’Union, ils n’auraient guère fait mieux.
Le Parti des Socialistes Européens, en ne présentant pas de candidat à cette fonction, soutiens de facto la reconduction du sortant. Voilà de quoi rendre fort dubitatif sur les termes du manifeste adopté : "une nouvelle direction pour l’Europe", choisir entre "une Europe progressiste" et "une Europe conservatrice", placer "le peuple d’abord". Et tout ceci, naturellement... avec le candidat de la droite !
Fort heureusement de nombreux socialistes jugent cette position intenable. Pierre Moscovici a ainsi écrit sur son blog : "Nous ne pouvons pas, ne devons pas, accepter la fatalité d’une reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. Car ce Président, profondément conservateur, est dans ses tripes réfractaire à toute idée de régulation. Après s’être accordé sur les idées, le PSE doit maintenant se choisir un visage pour incarner son combat aux futures élections. Dois-je préciser que j’approuve la méthode ?"
Les Verts, Jean l’a mentionné, font de l’opposition à M. Barroso un de leurs thèmes de campagne.
François Bayrou et Francesco Rutelli ont annoncés aujourd’hui que Le Parti Démocrate Européen présenterait un candidat pour la présidence de la Commission européenne : "Nous sommes très insatisfaits de la Commission sortante, et nous n’acceptons pas l’idée d’une reconduction automatique de son président décidée sans tenir compte des résultats des élections européennes".
Si www.anyonebutbarroso.com a été lancé par quelques simples citoyens, dont votre serviteur, la contestation de la situation vers laquelle on semblait s’engager prend de l’ampleur. Pour que l’élection européenne soit un vrai moment de débat démocratique, le choix du président de la Commission doit nécessairement en être l’un des enjeux.
C’est pourquoi je vous invite à rejoindre et à relayer cette campagne.