Edward Murphy élu Premier secrétaire du PS

, par Valéry-Xavier Lentz

Les socialistes français ont été victime ce vendredi de la célèbre loi de Murphy ou loi de l’emmerdement maximal (les puristes diront toutefois qu’il s’agit plutôt en l’espèce de la loi de Finagle [en]). C’est bien au pire moment que le pire est arrivé.

Au départ les socialistes partent d’un postuylat plutôt sain : organisons le débat d’idée au sein du parti, à l’aide des motions, puis demandons aux adhérents de désigner au suffrage universel direct le Premier secrétaire, c’est à dire celui que l’on va inviter au 20h pour représenter le PS.

Celà était déjà mal parti, les motions s’étant avérées au final plus des rassemblements hétéroclites de personnalités autour d’un présidentiable que des regroupements autours de projets politiques distincts. Au final, seul le rassemblement des gauchistes du parti autour de Hamon se différenciait clairement d’un point de vue idéologique, les trois motions arrivées en tête partageant une même orientation globalement réformiste.

Adhésion à la nouvelle déclaration de principe du PS, c’est à dire à la vision d’une économie sociale de marché plutôt qu’à la vulgate à connotation révolutionnaire pseudo-marxiste qui tenait lieu d’orientation théorique du PS auparavant, les motions A, D et E ont rassemblées une large majorité des voix. Ceci est le premier point positif de ce processus : il démontre que plus de 80% des adhérents se reconnaissent dans une orientation putôt social-démocrate. De cette évidence qui n’a pas été assez soulignée montre que l’évolution vers la modernité du PS est réelle, même si elle reste trop lente. Un heureux évènement est venu marquer ce résultat avec le départ de Jean-Luc Mélenchon parti créer sa propre chapelle à l’extrême-gauche sous ce prétexte.

À partir de là un rassemblement était potentiellement possible. Hélas l’ensemble du processus a été détourné par des écuries en vue de préempter la désignation du candidat du PS à l’élection présidentielle de 2012, laquelle était pourtant prévue en 2011. En cédant à ce mécanisme pervers et en tentant d’importer le présidentialisme de la Ve République au sein du parti, l’enjeu du scrutin a été détourné et celui-ci faussé.

Certains, à commencer par Pierre Moscovici, ont tenté en vain de s’opposer à cet engrenage infernale initié par la candidature de Ségolène Royal. Cette dernière, pourtant défaite par Nicolas Sarkozy en 2007 dans une élection pourtant favorable a priori à la gauche, tentait de s’emparer du parti pour servir ses ambitions présidentielles. À partir de là les autres présidentiables du PS se sont naturellement mis sur les rangs.

La raison aurait dû l’emporter à Reims. En présentant au poste de Premier secrétaire une personnalité qui ne soit pas un présidentiable, il eut été possible de rassembler les réformistes largement majoritaires. En s’obstinant, en dépit de ce qu’elle avait annoncé avant le vote sur les motions, à se mettre en avant, alors que la motion dont elle était signataire n’avait obtenu que quelques point d’avance, Ségolène Royal a précipité la catastrophe.

Toutefois une sortie de crise était possible avec l’élection du Premier secrétaire. Un vote clair eut permis de mettre en sourdine provisoirement les ambitions et de remettre le parti au travail. Il y a du boulot pour s’opposer à la politique autoritariste du gouvernement comme pour préparer la prochaine échéance électorale, l’élection des eurodéputés, dont l’enjeu est considérable compte tenu des pouvoir désormais très significatifs du Parlement dans les institutions de l’Union.

C’est là qu’Edward Murphy est intervenu. En séparant la candidate qui a emporté le vote de sa rivale de quelques dizaines de voix au plus, c’est une péripétie improbable et aux conséquences désatreuse qui vient frapper le Parti Socialiste.

Nul n’est responsable de cette situation et il n’est guère juste de moquer le PS pour cet indident. Là où l’UMP ou le Modem désignent leur chef dans des conditions soviétiques, par l’acclamation d’un candidat unique, les socialites cherchent à mettre en oeuvre les principes du vote démocratique et de garantir en leur sein un véritable pluralisme plutôt que d’être un parti de supporters. L’étroitesse du résultat est une circonstance qui n’enlève rien au bien fondé du processus électoral.

Pourtant compte tenu de l’enjeu en terme d’image pour le parti, les comportements observés depuis la proclamation des résultats provisoires est consternant. Les accusations de fraudes, les thèses complotistes formulées avec des trémolos dans la voix n’honorent pas leurs auteurs. Si il y a eu ponctuellement des erreurs voire des indélicatesses elles ont eu nécéssairement lieu dans les deux sens. Les instances compétentes vont trancher lundi et mardi sur les cas de contestation. Il faut donc raison garder et attendre le résultat de ces délibérations. D’ici là les accusations, procès d’intention, grands mots et petites phrases doivent être contenus. Il est indigne de voir certains parler de procès avant même que les instances du parti ne se soient prononcées.

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