Cooks source : le cyberlynchage du jour

, par Valéry-Xavier Lentz

Le trending topic Twitter, notamment autour du hashtag #crookssource (jeu de mot : crook signifie "escroc") vie le magazine Cooks source, une publication locale de Nouvelle Angleterre tirant à 30000 exemplaires et générant des revenus publicitaires.

Une blogueuse aurait découvert par hasard que l’un de ses billets aurait été publié par ce magazine sans qu’elle n’en ait été informée ni rémunérée. Elle raconte l’incident ici : http://illadore.livejournal.com/30674.html Elle aurait réclamé à la publication des excuses publiques et une modeste somme, 130 dollars, versée à une association.

Rien de bouleversant, mais elle publie la réponse de la rédactrice-en-chef, particulièrement épique, et qui a fait de la page Facebook du magazine un recueil de messages d’internautes courroucés. Il faut le savoir : sur le web, c’est plutôt bien toléré d’ignorer le copyright des Majors du disque, mais très mal vu de ne pas respecter celui d’un blogueur.

La réponse de la rédactrice en chef déploie les arguments suivants (en substance) : 

  • nous faisons ainsi depuis trente ans
  • je connais les lois sur le copyright
  • le web est considéré comme du "domaine public"
  • vous devriez être heureuse que nous n’ayons pas copié votre texte et signé d’un autre nom
  • en tant que professionnelle je dois vous dire que votre article était très mal écrit et a du être considérablement amélioré
  • cette publication fera très bien dans vos références
  • ceci nous a pris du temps de le réécrire, vous devriez à la limite nous rémunérer mais je ne facture jamais les jeunes auteurs pour mes conseils et il y en a pourtant beaucoup qui écrivent pour moi... toujours gratuitement.

Naturellement, devant autant d’amateurisme et d’arrogance, le bad buzz enfle depuis ce matin (le billet a été publié hier à 23h heure américaine). Sur Twitter des VIT (very important twitteurs) comme @neilhimself (le romancier Neil Gaiman) ou @meyerweb (le gourou du CSS Eric Meyer) ont repris l’histoire. Meyer théorise pour l’occasion la notion de vitesse du châtiment en observant la fréquence des nouveaux messages désapprobateurs sur la page Facebook du magazine (un toutes les trente secondes aux dernières nouvelles), laquelle voit le nombre de "Like" augmenter très rapidement (+60% depuis une heure que je suis l’affaire, 1600 à 21h30 ce soir).

Les observateurs relayent également le bad buzz : sur washingtonpostcom : Cooks Source magazine masters new recipe : How to annoy the Internet ou sur http://www.guardian.co.uk : Cooks Source : US copyright complaint sparks Twitter and Facebook storm.

Bientôt un nouveau même ?